L'intégration de l'Océan dans l'Accord de Paris
témoigne de la reconnaissance de son intégrité
comme partie prenante de l'équilibre climatique.
C'est
une victoire symbolique pour la Plateforme Océan et
Climat qui a travaillé sans relâche pendant
près de deux ans avec le soutien de la Commission océanographique
de l'UNESCO, pour faire entendre la voix de l'Océan :
elle est la première pierre d'une uvre collective
et internationale pour faire de l'Océan un élément
incontournable des prochaines conférences climat.
Cette
prise de conscience s'est traduite au niveau des chefs d'État
et des délégations nationales par la signature
de la déclaration Because The Ocean :
22 pays se sont ainsi engagés à préparer
dès 2016 un plan d'action dédié à
l'océan dans le cadre de la Convention cadre des Nations
unies sur le changement climatique.
Néanmoins,
il reste encore beaucoup à accomplir pour aboutir aux
9 revendications de la Plateforme Océan et Climat.
Pour bon nombre d'ONG et de scientifiques, l'intérêt
prêté aux océans lors de la COP 21 reste
insuffisant.
"Les océans sont oubliés dans le projet d'accord
de Paris" , confirme Vincent Laudet, directeur de l'Observatoire
océanologique de Banyuls-sur-Mer (université Pierre
et Marie Curie, CNRS). Cet oubli se justifie, selon le chercheur,
pour au moins trois raisons: "On le connaît très
peu, même si l'on sait qu'il a notamment un rôle
de pompe à CO2, dans le transport du dioxyde de carbone
et qu'il sert de tampon thermique. Deuxièmement, l'océan
n'est à personne. Il est donc plus difficile de s'en
soucier. Enfin, il est complexe à étudier et d'en
avoir une connaissance globale, malgré les observations
par satellites." Une meilleure étude des océans,
notamment de son acidification provoquée par la dilution
du CO2, ou l'interdiction des rejets plastiques dans les mers
pourraient aider à préserver cet écosystème
crucial.
D'autre
part l'objectif de réduction des émissions de
gaz à effet de serre des bateaux de marine marchande
a longtemps été inscrit dans les projets d'accord.
Mais, le 9 décembre, cette référence a
été retirée du texte. Le maritime contribue
à 2,2 % des émissions mondiales de CO2. Mais,
surtout, les rejets augmentent deux fois plus vite que ceux
de la moyenne mondiale depuis 1980, rappelle la revue Nature
Climate Change.
Pour
les ONG Seas at risk et Transport & environnement, son absence
dans l'accord est préoccupante. " Le protocole de
Kyoto a chargé l'OMI et l'OACI de mettre en place des
mesures pour réguler les émissions des secteurs
" maritime et aérien.
" Dix-huit ans plus tard, ces agences ne l'ont pas fait,
et une croissance rapide des émissions de ces secteurs
pourrait rendre de 1,5°/2°C quasiment impossible à
atteindre ".
Pour
faire avancer ce dossier, la sénatrice (LR) Fabienne
Keller préconise de taxer les mazouts très polluants
de la marine marchande, carburants défiscalisés.
Elle aurait souhaité que ce principe de "taxe innovante
soit intégré dans l'accord de Paris.
Il
s'agit là d'une déception pour les armateurs français
et européens et les ONG environnementales, qui s'étaient
collectivement exprimés en faveur de cette inclusion.
De
plus, l'accord de Paris n'inclut plus explicitement les océans
dans les puits de carbone à conserver et développer.
Il renvoie toutefois à la définition de ces puits
telle qu'elle est donnée dans la convention cadre des
Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) de 1992.
Une définition qui inclut les océans et les autres
écosystèmes marins.